Le Sénégal a enregistré son premier cas de malade atteint du COVID-19 depuis le 02 Mars 2020. Naturellement, cela fut un cas importé qui était revenu d’un voyage en France. Ensuite, les points de presse journaliers du Ministère de la Santé et de l’Action sociale n’avaient, pendant les premiers jours, compté que 1 à 2 cas importés par jour. En effet, les personnes infectées venaient principalement de France, d’Espagne et d’Italie, en tant qu’expatriés ou émigrés. Rapidement, la barre de la dizaine de cas a été franchie en quelques jours. C’est d’ailleurs ce constat inquiétant et sa tendance à la hausse qui avait poussé les autorités sénégalaises à décréter la fermeture de toutes les frontières du Sénégal (aériennes, terrestres et maritimes) depuis le vendredi 20 Mars 2020 à 23h 59.

Un peu plus d’un mois et demi plus tard, le Sénégal compte au 17 Avril 2020, 342 cas déclarés positifs, dont 198 Guéris, 03 décès et 141 encore sous traitement. Soit une moyenne de 9,5 cas par jour. Deux principaux enseignements peuvent être tirés dès à présent. D’emblée, on peut reconnaître le rythme de progression est relativement faible, si l’on compare le Sénégal avec des pays de la sous région ouest-africaine et avec qui les premiers cas sont survenus en même temps. Toutefois, malgré les multiples efforts consentis pas les autorités administratives et sanitaires, la progression des cas de transmissions communautaires risque de plomber les résultats obtenus. Ensuite, les autorités gouvernementales ont pris des mesures fortes : instauration d’un couvre-feu tous les jours de 20h à 6h du matin, réduction du nombre de passagers des véhicules de transport en commun, interdiction des voyages interurbains, interdiction des prières communes dans les mosquées et dans les églises, interdiction des cérémonies familiaux et funéraires, etc.

Pour conserver les acquis, notamment avec ce taux de guérison supérieur à 60%, le ministère de la santé a sollicité un élan national et international de solidarité pour faciliter la résilience du pays face à la pandémie qui empêche tout le monde de dormir du sommeil des justes. C’est dans ce sens que la société civile sénégalaise s’est organisée et s’impliquée dans le comité nationale de riposte et dans ses comité départementaux. ONG, associations de petite ou grande envergure et personnalités individuelles, personnes morales, artistes, etc. ont renforcé activement cet élan de solidarité. Et chacun y est allé selon sa position et ses possibilités.L’ONG AcDev a très tôt été coptée dans le comité régional de riposte contre le covid-19 piloté par la région médicale de Dakar. Et conformément au plan d’action dudit comité, AcDev s’est très activée dans la sensibilisation communautaire dans la région de Dakar.

Autrement dit, AcDev a très vite réorganisé ses services aux niveaux de ses centres de santé communautaires de Guéntaba-Fadia et de Yeumbeul Nord. Le port du masque chirurgical et de gants est devenu obligatoire pour tout le personnel et un appel à une plus grande vigilance du personnel par rapport à la détection éventuelle des cas suspects. Un dispositif de prévention a été installé à l’accueil de tous les centres de santé communautaire pour davantage sécuriser le personnel qui y travaille. Il s’agit notamment de gel hydro alcoolique, de thermo flash et de dispositifs de lavage des mains. Une personne a partout été désignée à cet effet, pour le respect scrupuleux des mesures d’hygiène édictées.

Quant à la riposte au niveau communautaire, AcDev, organise depuis des jours des caravanes de sensibilisation itinérantes avec les jeunes du mouvement des jeunes de la banlieue. En accord avec les districts sanitaires concernés (Pikine, Guédiawaye, Yeumbeul et Keur Massar), ces caravanes sonorisées sillonnent les axes routiers et certaines routes secondaires pour diffuser les messages officiels de prévention relatifs aux méthodes barrières et les comportements individuels et collectifs à adopter. AcDev en profite également pour distribuer des flyers d’information contenant les éléments d’information validés par le SNEIPS (Service National d’Education et d’Information pour la Promotion de la Santé).

A ce jour, les banlieues sont fortement touchées, notamment par la contamination communautaire. Ce qui est dû à plusieurs différentes. En effet, en banlieue, l’économie locale est principalement informelle et journalière. Ce qui veut dire que la dépense du jour a été gagnée la veille. Cette situation de survie pousse par exemple les femmes de ménage à quotidiennement au marché pour les repas familiaux. C’est ce qui pousse également le « goorgorlou » (débrouillard), en tant qu’ouvrier, artisans, vendeurs ambulants, charretiers, vendeurs à la sauvette de refuser de rester chez eux, ou d’envisager une quelconque forme de confinement. Des organisations comme AcDev ont ce fait du pain sur la place. Parce que c’est, justement, ce genre de situations qui amplifie la propagation des cas de transmissions communautaires : véritables hantises des acteurs de la riposte.